Un séisme ou un tremblement de terre se traduit en surface par des vibrations du sol. Il provient de la fracturation des roches en profondeur. Cette fracturation est due à une grande accumulation d'énergie qui se libère, en créant ou en faisant rejouer des failles, au moment où le seuil de rupture mécanique des roches est atteint.
La croûte terrestre est constituée de plusieurs grandes plaques qui évoluent les unes par rapport aux autres : certaines s'écartent, d'autres convergent, et d'autres coulissent. Environ 90% des séismes sont localisés au voisinage des limites de ces plaques.
Alors qu'en profondeur, les plaques se déplacent régulièrement de quelques millimètres à quelques centimètres par an, dans la partie supérieure de la croûte terrestre (30 premiers km), ce mouvement n'est pas continu. Les failles peuvent rester bloquées durant de longues périodes, tandis que le mouvement régulier des plaques (convergence ou divergence) se poursuit.
Schématiquement le scénario est le suivant : la région de la faille bloquée se déforme progressivement (déformation élastique lente) en accumulant de l'énergie, jusqu'à céder brutalement ; c'est la rupture sismique, les contraintes tectoniques se relâchent, la faille est à nouveau bloquée, et le cycle sismique recommence.Dans ce dossier, Olivier Bellier traite des tremblements de terre. Il évoque le « moteur » des tremblements de terre (ou séismes) et leur lien avec la tectonique des plaques, modèle qui explique aujourd’hui l’ensemble de la dynamique et de la vie interne de la Terre.
La "Tectonique des plaques", un modèle qui explique l'essentiel de la "Vie" interne de la Terre, et de ses manifestations catastrophiques à la surface: les tremblements de terre et le volcanisme.
Modèle de la tectonique des plaques © Pierre Bédard
Puis il aborde les différents « outils » qui permettent d’étudier les séismes et les failles qui les génèrent. Après avoir évoqué la prise en compte du risque sismique en traitant rapidement les notions de prévision et de prévention, il évoque la « vie sismique » de la France, pour finalement focaliser la fin de ce dossier sur la sismicité de la Provence, domaine à sismicité relativement élevée eut égard à la sismicité modérée de la France.Malgré sa localisation éloignée des principales frontières de plaques, la France métropolitaine est un domaine où la sismicité existe, même si celle-ci est modérée et si les séismes destructeurs s'y font rares. La sismicité instrumentale, la sismicité historique et des indices de déformation quaternaire montrent clairement que trois régions principales peuvent être identifiées comme tectoniquement actives en France : le fossé Rhénan, les Pyrénées, les Alpes et leurs avant-pays jusqu'au bassin du Sud-Est et à la Provence. Il existe toutefois d'autres zones de déformation telles que le Massif Central et le Massif Armoricain. L'analyse de la paléosismicité et de la tectonique active nous invite à effacer de nos mémoires le concept suranné qu'une zone stable de mémoire d'homme est une zone qui n’est pas sismique. En effet, les tranchées de paléosismicité ont mis en évidence que des séismes de magnitude supérieure à 6 ébranlèrent le Sud-Est de la France au cours du Quaternaire récent, il y a moins de cent milles ans. Dans une région à faible activité comme la France, les périodes de retour des séismes majeurs se mesurent en milliers d'années plutôt qu'en siècle. La séismicité instrumentale comme historique ne donne alors qu'une vision partielle de l'aléa sismique dans de tel domaine, un séisme majeur pouvant aussi bien se produire là où la sismicité instrumentale est myope, voire aveugle... D'où l'intervention obligatoire du géologue qui en collaboration avec le sismologue va étendre la fenêtre d'observation au-delà du millénaire...
Se pose le problème du moteur de « notre » séismicité. Si la tectonique des plaques est responsable des séismes français, se serait pour une part infime. En effet, l’essentiel de la convergence Afrique-Europe se trouvant amortie entre le Sud de l’Espagne et le Maghreb, d’autres sources sont évoquées pour expliquer notre sismicité, notamment la « gravité », les Alpes hautes et lourdes s’écroulant très lentement vers la Méditerranée. En conclusion et au risque de se répéter, soulignons encore une fois que l'approche de la tectonique active en France est délicate du fait d'une déformation modérée et d'un contexte géographique défavorable (climat, érosion, végétation). Pour avoir une signature d'amplitude suffisante de la déformation analysée, la limite inférieure de l'âge des événements traités devrait être de l'ordre du million d'années car les vitesses de déformation sont faibles, inférieures au millimètre par an. Il convient donc d'analyser la tectonique active et sa signature géomorphologique à petite et grande longueurs d'ondes par la combinaison de plusieurs méthodes, notamment basées sur l'analyse de terrain, de documents satellitaires et de la topographie numérique (MNT, Modèle Numérique de Terrain) couplés à une imagerie fine du sous-sol grâce à la géophysique, permettant de palier à la difficulté d'identifier et d'analyser les structures actives en France, notamment dans les zones les plus faiblement déformées.
Appréhender l'aléa sismique en France implique donc de très nombreuses collaborations où sismologues, historiens, géologues et géophysiciens œuvrent de concert. Car en l'absence de prévisions fiables, il convient de mettre en relief la notion de prévention, elle peut sauver des milliers de vies... Et, à défaut de savoir dire "quand" aura lieu le prochain gros séisme, nous pouvons aujourd'hui préciser "où" pourrait avoir lieu un prochain séisme destructeur.